samedi 9 avril 2016

| Le Film du samedi soir ¦ John Hughes ► Sixteen Candles

Le Film du samedi soir, c'est une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée, une sortie directe en DVD... Voire aussi, et c'est pas incompatible avec le reste, un long-métrage dispo sur Netflix. Bref, un film que je vous conseille et vous recommande chaudement. Aujourd'hui, on est samedi, et le film de ce samedi soir est :


Sixteen Candles de John Hughes


Comédie, romance, teen-movie, USA, 1984, 1H33

Avec Molly Ringwald, Michael Schoeffling, Haviland Morris
Sortie le 4 mai 1984 aux USA, le 6 mai 1998 en DVD et dispo sur Netflix.


 
L'histoire : La journée d'anniversaire d'une adolescente de 16 ans amoureuse du garçon le plus populaire du lycée et aimé du garçon le moins en vue. Et, avec ses parents qui oublient son anniversaire, des grands-parents envahissants et un étudiant étranger sur les bras, tout est fait pour que cette journée soit inoubliable !



Comme vous le savez bien évidemment tous, cette année je fête mes 30 ans. Ce dont vous ne vous doutez peut-être pas en revanche, c'est qu'un autre trentième anniversaire va être célébré en 2016. Le 11 juin, plus précisément. En effet, à cette même date sortait en 1986 le quatrième film de John Hughes, La Folle journée de Ferris Bueller. Pour rendre hommage à ce classique de la comédie américaine, un samedi sur trois, jusqu'au tant attendu 11 juin 2016, je vous proposerai un Film du samedi soir spécial John Hughes. Parce que la vie est bien faite, les quatre films en question - les quatre plus célèbres - sont tous disponibles sur Netflix. Pour commencer, je vais vous parler de Sixteen Candles (Seize bougies pour Sam), qui est également le tout premier long-métrage du réalisateur. Sorti en 1984, il raconte la "folle journée" de Samantha, qui fête son 16e anniversaire dans l'indifférence générale. Obnubilée par le mariage de sa grande sœur, toute sa famille snobe en effet Sam. Pour ne rien arranger, la jeune fille, amoureuse en secret de Jake, garçon le plus populaire de son lycée, subit la cour éhontée de Ted, un "geek" téméraire et entreprenant (qui s'avèrera être l'atout comique numéro 1 du film). Bref, pour ses 16 ans, rien ne va se passer comme prévu - ou en tout cas comme Sam l'aurait voulu.


Premier constat, Sixteen Candles marque la première déclaration d'amour de John Hughes pour un genre bien particulier : le "teen-movie". Bien avant les American Pie et autres High School Musical (j'espère parler à plusieurs générations en faisant cette comparaison hasardeuse), on peut même estimer que le réalisateur, qui s'est éteint en 2009, a inauguré ce cinéma de l'adolescence. Second constat, et pour ne rien vous cacher, j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce film, à y voir autre chose qu'une comédie désuète ayant très mal vieillie. En oubliant qu'il s'agissait d'une œuvre pionnière, j'ai par exemple regretté l'utilisation d'archétypes pour caractériser les personnages (attendez-vous à retrouver une jeune adolescente tourmentée, un geek, un bellâtre sportif, un petit-frère stupide et une grande-sœur égocentrique...). Le jeu "vieillot" des acteurs et le manque de rythme m'ont laissé dubitatif, et j'ai frôlé l'indigestion devant l'exaspérante répétition d'effets sonores destinés à souligner les situations comiques. Et puis, tel un ado émergeant d'une mauvaise cuite, j'ai entrevu la lumière. J'ai découvert que l'histoire développée par John Hughes était plus intéressante que je ne l'aurais cru, et que ses personnages, de plus en plus attachants, n'étaient pas du tout caricaturaux.

Finalement, Sam intéresse

Car non, archétype ne veut pas dire caricatural. En tout cas, pas chez John Hughes. L'exemple le plus frappant concerne les deux protagonistes masculins. Contrairement aux apparences, le plus courageux est Ted, le geek, qui n'hésite pas à braver continuellement l'adversité et le ridicule pour déclarer sa flamme à celle qu'il aime. De son côté, Jake n'a rien du sportif sans cervelle - ou plutôt sans cœur. Le beau brun se pose des questions, s'interroge, et n'hésite pas à demander conseil à son "nouvel ami" qui semble en connaître bien plus que lui sur cette surprenante Samantha. Quant à cette dernière, elle nous touche, pique notre curiosité, dépeinte qu'elle est par l'intelligence et la subtilité du réalisateur. Si ce beau tableau de portraits doit beaucoup à ce dernier, il faut aussi saluer le casting de Sixteen Candles qui, s'il n'est pas des plus connus, fonctionne à merveille. La charmante Molly Ringwald, pour commencer, incarne parfaitement  et avec subtilité Sam, une héroïne qui est aux portes de sa vie d'adulte, mêlant fougue et fragilité. Ted, l'autre rôle fort, est tenu par un Anthony Michael Hall pétillant et drôlatique, qui vous fera forcément rire ou sourire (pour les plus difficiles). Les belles prestations de chacun conduisent à des scènes tantôt cocasses, touchantes (notamment celle où le père de Sam vient lui parler), drôles ou tout simplement humaines.


Finalement, tous ces acteurs et leurs personnages nous émeuvent à défaut de nous ressembler, car le film, comme ses protagonistes, ont bel et bien 32 ans. Peu importe, la magie opère encore et toujours aujourd'hui, avec cette sincérité bienveillante et cet humour si caractéristiques. Un an avant l'incroyable Breakfast Club (dont je vous parlerai dans quelques semaines), on découvre dans Sixteen Candles les premiers traits du style de John Hughes, le contour de ce qui fascinera toute une jeune génération, et qui continue aujourd'hui encore de la fasciner. Poétique, simple sans être simpliste, intimiste et pudique, joliment servi par des acteurs brillants et une bande-son au diapason (si l'on excepte ces satanés bruitages), Sixteen Candles se savoure avec bonheur et bonne humeur. Il décrit avec beaucoup de candeur et de sens comique le passage de l'adolescence à l'âge adulte : une période parfois ingrate et douloureuse sur laquelle un grand nombre de cinéastes s'est essayé. Peu l'ont fait avec la maestria de John Hughes.

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