dimanche 28 février 2016

| Avis ¦ Tout en haut du monde, préparez-vous à chavirer !


Tout en haut du monde de Rémi Chayé

 

Film d'animation, aventure, France, 2016, 1H20
Avec les voix de Christa Théret, Féodor Atkine, Thomas Sagols     
Sortie le 27 janvier 2016


L'objectif : 1882, Saint-Pétersbourg. Sacha, jeune fille de l’aristocratie russe, a toujours été fascinée par la vie d’aventure de son grand-père, Oloukine. Explorateur renommé, concepteur d’un magnifique navire, le Davaï, il n’est jamais revenu de sa dernière expédition à la conquête du Pôle Nord. Sacha décide de partir vers le Grand Nord, sur la piste de son grand-père pour retrouver le fameux navire.




Le subjectif : Tout en haut du monde est une histoire d'amour et d'aventures humaines, et je voudrais commencer cet article par un hommage à celui qui, depuis ma naissance, est le protagoniste d'une de mes plus belles histoires d'amour et d'aventure. Celui qui m'a parlé de ce merveilleux film français, et sans qui je ne me serais pas déplacé pour le voir au ciné. Celui qui, depuis tout petit, m'a initié au cinéma d'animation, en me faisant systématiquement découvrir chaque nouveau Disney. Celui de qui j'ai pu m'éloigner malgré moi, malgré nous, mais avec qui je me suis retrouvé, avec qui nous nous sommes retrouvés : mon papa. Merci papa pour ce judicieux conseil, et pour toute la passion de la BD, des dessins et de l'animation que tu as fait naître en moi !

Tout en haut du monde est donc une histoire d'amour, et d'aventures humaines. C'est le récit de l'épopée de la jeune Sacha, sur le point d'entrer dans l'âge adulte, mais qui va décider de braver tous les dangers et risquer de perdre tout ce qu'elle a, tout ce qu'elle est, pour retrouver son grand-père explorateur disparu sur la banquise, et son mythique navire. Pour ça, elle va devoir parcourir un univers qui n'est pas le sien, des environnements hostiles, partir à l'aventure sur le toit du monde pour les retrouver, et sauver l'honneur de sa famille. Cette aventure, où se mêlent aristocratie russe de la fin du XIXe siècle et conquête du Pôle Nord, a immédiatement plu à Rémi Chayé, dont c'est la première réalisation. Emballé par le récit incroyable de ce bateau prisonnier des glaces et de tous ceux décidés à le retrouver, et très intéressé par cette époque et ses peintres russes, par les films en costume, les lithographies de Daumier et les romans de Jules Verne, le jeune Français va signer une œuvre à la hauteur de ces références, à la dimension épique et à l'esthétique qui atteignent des sommets.


La première chose qui saute aux yeux est justement la particularité graphique de Tout en haut du monde, qui ne ressemble à rien d'autre - si ce n'est aux films Le Tableau et Brendan et le secret de Kells, sur lesquels Rémi Chayé était assistant réalisateur. Paraissant au départ un peu lente, voire saccadée, l'animation des personnages et du décor confère un charme incroyable à l'aventure qui nous est proposée. Intégralement réalisé sur écran, sans aucun papier, le film utilise le procédé des à-plats couleurs, touchant par moments presque à l'abstraction et qui ne laissera personne indifférent. Un parti-pris qui a forcément demandé une coordination sans faille entre dessinateurs d'animation et animateurs, mais qui donne un résultat hallucinant et très original. Les images sont ainsi brutes, sans aucun contour, mais diablement personnelles et belles. Les visages sont très expressifs, et, une fois de plus, l'animation et l'esthétique sont au service d'un récit qui promet une aventure extraordinairement épique.

Vous l'aurez compris, Tout en haut du monde est une pure merveille d'animation à la française, entièrement réalisée à Paris, dans un studio où ont évolué 55 talentueux artistes, et qui n'aura coûté au final "que" 6 millions d'euros. Peu cher payé pour cette histoire qui ne cesse de faire penser aux romans de Jules Verne, et dont on ne voudrait jamais sortir. Grâce à la patte graphique de son auteur, mais certainement aussi à l'univers sonore du long-métrage. Il faut ainsi saluer l'excellent travail des comédiens prêtant leur voix aux personnages (je ne connaissais que Féodor Atkine, qui double par exemple Jafar dans Aladin, ou Dr House), et ne surtout pas oublier la somptueuse bande-originale. Signée par Jonathan Morali, elle accompagne superbement l'épopée de Sacha, sans pour autant adopter une musicalité russe. Composée pour le film, la BO comporte également des titres du groupe de son auteur, Syd Matters, les merveilleux To All Of You et Hi Life. Écoutez, c'est un pur régal :


Bercé par cette musique admirable et émerveillé par des dessins animés avec grâce, sans aucun temps mort ni passage superflu, on est donc transporté aux côtés de l'intrépide héroïne à travers la Russie, les mers, la banquise, et chahuté par tous les rebondissements de son périple. Avec elle on pleure, on rit, on se passionne, on se bat, on lutte, on espère. Avec elle, et avec ses compagnons d'infortune. Des personnages qui deviendront d'ailleurs bien plus que de simples figurants de la quête initiatique qu'entreprend Sacha. Ils seront ses compagnons de fortune et de corvées, ses confidents, ses amis, ses alliés pour qu'elle puisse espérer aller au bout d'elle même, au bout du monde, jusqu'au tant désiré Pôle Nord. Un endroit dangereux mais merveilleux à propos duquel son grand-père, qui aurait sacrifié sa vie pour le trouver, lui disait : 

"Le Pôle Nord, c'est tout en haut du monde. C'est tellement beau."




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