mardi 21 mai 2013

| Avis ¦ Danny Boyle revient en Trance


Trance de Danny Boyle 


Thriller, Britannique, 2013, 1H35
Avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel
Sortie le 8 mai 2013 


L'objectif : Commissaire-priseur expert dans les œuvres d’art, Simon se fait le complice du gang de Franck pour voler un tableau d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Dans le feu de l’action, Simon reçoit un violent coup sur la tête. À son réveil, il n’a plus aucun souvenir de l’endroit où il a caché le tableau. Ni les menaces ni la torture ne lui feront retrouver la mémoire. Franck engage alors une spécialiste de l’hypnose pour tenter de découvrir la réponse dans les méandres de l’esprit de Simon…




Le subjectif : Après moult aventures filmiques autour du globe (et au-delà, pour Sunshine), quelques statuettes dorées, un monstrueux intermède théâtral (l'adaptation de Frankenstein) et une mise en scène olympique, voilà Danny Boyle de retour chez lui. Et une chose est sûre, le Mancunien n'a rien perdu de ses habitudes, bien au contraire. Un peu moins de vingt ans après le début d'une carrière marqué par le thème de l'argent (Petits meurtres entre amis, Trainspotting et Une vie moins ordinaire constituant la Bag of money trilogy), le réalisateur s'interroge une nouvelle fois sur les conséquences que peuvent avoir l'appât du gain sur ses personnages. Dans Trance, point de millions miraculeusement gagnés, mais le braquage d'une toile de maître : Le Vol des Sorcières, de Goya. Le résultat est pourtant le même, le réalisateur mettant en scène trois protagonistes liés par le même désir de récupérer cette peinture.


Seule différence, peut-être, avec ses deux premiers long-métrages : cette quête ne va pas déchirer une amitié, mais bel et bien réunir trois personnages que, a priori, tout oppose. Un commissaire-priseur accroc au jeu et en manque de liquidité (Simon), un chef de gang violent et prêt à tout pour récupérer son dû (Franck), et une spécialiste de l'hypnose (Elizabeth), qui va tenter de faire sortir de la tête du premier l'endroit où se cache la toile... Du côté du casting, aucune fausse note. Le duo masculin, campé par James McAvoy et Vincent Cassel, est bourré de charme et de testostérone (et le Français, quel acteur !), tandis que la magnifique Rosario Dawson (filmée entièrement nue, de pied en cap) démontre une fois encore qu'il subsiste quelques actrices ayant du "chien". Côté musiques, c'est également très bon, avec des morceaux électro au poil et des balades romantiques, le tout orchestré par Rick Smith, habitué des "scores" de Danny Boyle.

Thriller transcendantal

Pas de mauvaise surprise non plus concernant la mise en scène ou la trame scénaristique : Danny Boyle est un génie dans le domaine. Il maîtrise son sujet, et entrer dans ce nouveau long-métrage est un régal. Le réalisateur installe ses héros, et les dévoile de façon claire et manichéenne (Simon est le gentil, Franck le méchant), tout en laissant paraître une part d'ombre. Un mystère qui va s'épaissir au fur et à mesure que Trance va avancer. Les personnages vont se révéler finalement protéiformes (chacun a son côté obscur), et l'histoire ne va cesser de balader le spectateur d'une certitude à une autre. A l'écran, Danny Boyle fait cohabiter les codes du polar britannique de ses débuts, avec ceux plus classieux d'un thriller contemporain. L'esthétique est encore une fois soignée, avec une photographie à la couleur presque binaire (bleue et orange), des plans ingénieusement travaillés et décalés, comme ceux qui montrent Simon plongé en séance d'hypnose.

Ce dernier aspect vient d'ailleurs enrichir Trance d'un côté déroutant et métaphysique. Heureusement, s'il s'amuse à perdre ses spectateurs dans un enchaînement continu de twists savamment amenés, Danny Boyle ne perd jamais de vue son objectif. Et, comme à son habitude, il retombe sur ses pattes, regagnant la terre ferme et un réalisme le plus pur, offrant une fin jubilatoire à son long-métrage. Dans cette fin, justement, les plus acharnés verront un petit clin d’œil à Inception de Christopher Nolan. Les autres, et notamment les amoureux du cinéma de Boyle, seront rassurés : année après année, le cinéma de l'Anglais s'améliore. Avec ce casse-tête transcendantal et casse-gueule, servi par un trio d'acteurs géniaux, le cinéaste évite avec brio, encore et toujours, la casserole. Vivement la suite.

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