vendredi 15 juin 2012

| Le Film du samedi soir ¦ Intermission

Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...


Intermission de John Crowley


Policier, comédie, Irlandais, 2003, 1H45
Avec Colin Farrell, Colm Meaney, Cillian Murphy
Sortie le 9 janvier 2007 (en DVD)

L'histoire : Tout commence par une rupture. John (Cillian Murphy) décide de faire une pause avec sa copine Deirdre (Kelly MacDonald) afin de tester leur amour. Cette séparation anodine entraîne une série d'évènements et de conséquences imprévisibles qui vont modifier la destinée de plusieurs personnages dont celle de Lehill (Colin Farrell), un petit malfrat solitaire qui prévoit de monter un dernier coup avant de raccrocher et de Jerry Lynch (Colm Meaney), un détective hargneux, qui décide de faire cavalier seul pour nettoyer les bas quartiers de la ville....


(Sorry, je n'ai pas trouvé de bande-annonce avec sous-titres, ni même en VF...)

Sorti quatre ans après Boy A - salué par la critique, notamment grâce à la révélation Andrew Garfield, le prochain Peter Parker / Spider-Man - le premier film de John Crowley est tombé aux oubliettes. Étonnant, quand on se penche sur ce qu'est Intermission : un polar irlandais à petit budget (5 millions de $), aux relans noirs et comiques, et au casting alléchant. Voyez plutôt : Colin Farrell, Cillian Murphy, Colm Meaney (Miles O'Brien dans plusieurs Star Trek) ou encore Kelly MacDonald (Trainspotting, et voix du prochain Pixar, Rebelle) s'y donnent la réplique. Ce désamour est encore plus étonnant après avoir vu le résultat de cette équation appétissante : un film tendre, fun et savoureux, et qui s'apprécie avec beaucoup de plaisir.




Habitué au théâtre (il a dirigé une vingtaine de pièces, dont deux à Broadway), le réalisateur quadragénaire relève avec Intermission son premier pari cinématographique. Entouré à l'époque par un Colin Farrell qui commençait à percer à Hollywood (il sortait notamment de Daredevil, d'où le crâne fraîchement rasé) et un Cillian Murphy que Danny Boyle venait de révéler dans 28 Jours plus tard, John Crowley ne prenait pas trop de risques. L'ambiance très "british", qui brasse fiction sociale et humaine, atmosphère très noire et humour décalé, donne d'ailleurs à elle seule raison au réalisateur. Intermission est sans prétention, mais très efficace.

Une collection de petites frappes et de jeunes gens paumés

Son histoire s’apparente à celle d'un film choral : le spectateur se retrouve à suivre le destin et les trajectoires de plusieurs protagonistes, tous plus paumés les uns que les autres. En plus du flic qui s'imagine shérif et qui se fait suivre par une équipe de télévision, il y a un conducteur de bus viré pour avoir eu un accident, un magasinier de super-marché lui aussi sur la sellette, et qui vient de rompre, son ex-copine, et le pire de tous, Lehill, qui va les réunir pour un "dernier coup"... Campé par un excellent Colin Farrell, cette petite frappe n'a aucune compassion, que ce soit pour ses victimes ou ses camarades de délit. C'est une ordure qui combat la loi, comme son interprète le chante lui-même durant le générique de fin, en reprenant le titre I Fought the Law de Sonny Curtis.Une crapule d'Irlandais à qui on ne trouve aucune excuse, et qui entraîne tous les autres personnages dans une aventure dont personne ne sortira indemne. En témoigne cette scène d'ouverture, juste culte :



Une fois que la partie est lancée, que les trois hommes ont décidé de faire leur "coup", le rythme du film ne retombe plus. Et pour notre trio de braqueurs en herbe, les galères s'additionnent plus vite que les billets de banque, comme on pouvait s'y attendre. Il faut dire qu'on est plus près d'un Arnaques, crimes et botanique que d'un Braquage à l'Anglaise - pour rester dans les références britanniques. Et puis il y a tous les autres personnages, dont on observe les (més)aventures ordinaires, comme cette jeune femme complexée par un duvet trop visible, ou ce gamin en vélo terrible, qui ne respecte rien ni personne. C'est du quotidien gris et sans relief, mais filmé avec ardeur et joué avec talent. Drôle sans jamais vraiment l'être, violent sans tomber dans la gratuité, Intermission se visionne avec légèreté, pour la proximité de ces personnages perdus, qui nous ressemblent peut-être un peu. Comme ce titre nous l'indique d'ailleurs, il nous fera vivre un agréable moment, avant de passer à autre chose. Un chouette "intermède", en somme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...