lundi 30 avril 2012

| Avis ¦ Hunger Games, du spectacle et des idées



Hunger Games de Gary Ross


Action SF, USA, 2012, 2H22
Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth
Sortie le 21 mars 2012


L'objectif : Chaque année, dans les ruines de ce qui était autrefois l'Amérique du Nord, le Capitole, l'impitoyable capitale de la nation de Panem, oblige chacun de ses douze districts à envoyer un garçon et une fille - les "Tributs" - concourir aux Hunger Games. A la fois sanction contre la population pour s'être rebellée et stratégie d'intimidation de la part du gouvernement, les Hunger Games sont un événement télévisé national au cours duquel les tributs doivent s'affronter jusqu'à la mort. L'unique survivant est déclaré vainqueur. La jeune Katniss, 16 ans, se porte volontaire pour prendre la place de sa jeune sœur dans la compétition. Elle se retrouve face à des adversaires surentraînés qui se sont préparés toute leur vie. Elle a pour seuls atouts son instinct et un mentor, Haymitch Abernathy, qui gagna les Hunger Games il y a des années mais n'est plus désormais qu'une épave alcoolique. Pour espérer pouvoir revenir un jour chez elle, Katniss va devoir, une fois dans l'arène, faire des choix impossibles entre la survie et son humanité, entre la vie et l'amour...


Le subjectif : En pénétrant dans la salle de cinéma pour y voir Hunger Games, par un samedi d'avril pluvieux, et plus d'un mois après sa sortie, j'avais deux idées en tête. La première : que ce film devait être le nouveau Twilight. La seconde : que le pitch du film que j'allais voir ressemblait à Battle Royale. Un chef d’œuvre du début des années 2000, avec l'immense Kitano, admiré et adoré sur VHS. Et entre ces deux pensées, entre ces deux univers somme toute opposés, des tas de louanges entendues ça et là. Et une envie : celle de passer un bon moment.




Généralement, le meilleur indicateur dans ce cas-là est notre montre-bracelet. Moins on regarde l'heure, et mieux c'est. Plus le métrage est immersif, prenant, passionnant et plus le temps passe vite. Avec Hunger Games, les presque deux heures et demie défilent à une cadence folle. L'action, l'histoire, les rebondissements, les personnages, l'atmosphère... Ici, tout est synonyme d'addiction. D'abord parce que le film de Gary Ross introduit un nouvel univers, une nouvelle saga ; et ensuite parce qu'il ne fait aucun compromis. Contrairement à Twilight, l'adaptation de l’œuvre littéraire de Suzanne Collins ne rime (presque) jamais avec mièvrerie.

Et heureusement, car un tel scénario (le gouvernement de Panem, sorte d'États-Unis post-apocalyptiques, oblige des adolescents à se battre à mort pour sauvegarder le souvenir d'une ancienne rébellion) l'imposait. Mais comment montrer cette violence, cette immoralité dans un film destiné à un grand public ? C'était tout le défi du réalisateur, qui ne s'est pas défilé. Gary Ross choisit de filmer les différentes attitudes de ces guerriers face à cet état de fait : il ne doit en rester qu'un. Il y a des alliances (on n'est pas dans Koh-Lanta, mais pas loin), des tributs qui deviennent des machines à tuer (on est proche du Battle Royale de Fukasaku), et un couple de héros à la détresse et au courage très romantiques.

Du Shakespeare dans l’arène

Ces « amants maudits », joués par la magnifique Jennifer Lawrence et le fougueux Josh Hutcherson, ne sont d'ailleurs pas sans rappeler ceux de Shakespeare. Passés par les films indépendants (Winter's Bone pour la première ; The Kids Are All Right pour le second) et à grand spectacle (X-Men Le commencement ; Voyage au centre de la Terre), les deux acteurs jouent cette humanité perdue et qu'il faut tenter de reconquérir. En face, le monde du voyeurisme et de la violence est poussé jusqu'à l'excès. L'histoire nous place clairement dans des jeux du cirque nouvelle génération, servis par des technologies futuristes et filmés en temps réel. Critique de notre société ? Sans doute. De la déferlante d'émissions de téléréalité intrusives ? Oui. À l'image du Live ! de Bill Guttentag, qui posait la question : « Jusqu'où iriez vous ? », Hunger Games interroge sur notre comportement face à l'inacceptable, et à sa commercialisation.



Si ces débats s'adressent surtout aux plus grands, le spectacle, lui, est parfaitement accessible au « tout public. » Grâce – ou à cause – de choix du réalisateur. Exemple lors de la première scène d'affrontements, au moment où les 24 tributs des douze districts tentent de récupérer des armes – le « bain de sang » annoncé par Haymitch, l'excellent Woody Harrelson – on voit que Gary Ross cherche à limiter au maximum les effusions d'hémoglobine. Et le reproche tient également pour les scènes de combats rapprochés, beaucoup trop brouillonnes. Le contexte de révolution et de répression, est lui aussi mis de côté par le réalisateur, qui ne s'y risque que brièvement.

Pour autant, le rythme du récit y gagne en intensité, et le spectateur ne semble pas y perdre au change. Car en attendant le second volet – qui ne sera pas réalisé par Gary Ross, mais peut-être par Alfonso Cuarón – Hunger Games reste un film divertissant, diablement bien joué et jamais ennuyant. De quoi filer la migraine aux vampires scintillants de Twilight.

Mise à jour (03/12/13) : la suite est sortie, non pas réalisée par Cuarón mais par Francis Lawrence : Hunger Games - L'embrasement !

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