dimanche 21 août 2011

| Avis ¦ Super 8, l'hommage sans la magie



Super 8 de J.J. Abrams


Science-fiction, USA, 2011, 1H50
Avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning
Sortie le 3 août 2011


L'objectif : Été 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu'ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d'une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident. Peu après, des disparitions étonnantes et des événements inexplicables se produisent en ville, et la police tente de découvrir la vérité… Une vérité qu’aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer.



Le subjectif : Super 8 a commencé par un buzz. Un trailer lancé sur la toile où le spectateur pouvait voir, en plus d'un train filer dans la nuit noire à grande vitesse, deux noms totalement « bankables » se dessiner. Spielberg et Abrams. Très vite, on s'est pris d'affection pour ce projet. Et, entre attentes et ambitions, on y a vu tour à tour un film de grand divertissement, générationnel, bouleversant, hommage... Le projet s'est dévoilé, les premières critiques sont tombées. Presque toutes dithyrambiques, affables et unanimes : Super 8 était bien tout ce qu'on avait dit de lui, voire plus encore. C'est bien simple : avant de pénétrer dans la salle, je m'attendais à me délecter d'un met explosif en bouche, aux saveurs lointaines de mon enfance (The Goonies, Jurassic Park, E.T. étaient annoncés comme références, rien que ça !), à la trame d'aventure émouvante et passionnante. Certes, j'avais aussi lu quelques critiques néfastes, mais je voulais y croire. Moi aussi je voulais revivre dans le passé, me plonger dans ces souvenirs sucrés et oubliés. Mais non. Point de tout cela.


Super 8 n'assume aucune de ses ambitions, à commencer par celle de (me) divertir. L'histoire de cette bande de gamins pourrait être distrayante, mais l'alchimie ne prend jamais. Le scénario est trop confus, J.J. Abrams veut montrer trop de choses. Son film raconte une histoire de science-fiction, à moins qu'il ne raconte un projet secret défense, ou les deux. Les personnages principaux (je veux parler des enfants, et notamment Elle Fanning, même si sa prestation se limite la plupart du temps à imiter Marion Cotillard ou Mélanie Laurent en train de pleurnicher) sortent par moment leur épingle du jeu, mais le retour incessant aux frasques horrifiques du monstre dessert totalement tout attachement à leur histoire. Super 8 ne divertit pas car le récit est mal raconté, mal mis en valeur et mal foutu. Certes, des tas d'objets volent dans les airs, des hommes se font attraper par le monstre. Mais on a vu mieux, non ? Et puis ce monstre, franchement... Il doit être difficile de trouver de nos jours comment innover en la matière, mais celui-ci ne ressemble à rien. C'est à se demander comment il peut construire un vaisseau, tellement il est pataud, difforme, inutile...



Super 8 devait s'inscrire dans le temps, dans l'histoire du cinéma. À l'image de ses modèles, il devait se graver dans nos mémoires de cinéphiles. Pour ma part, il n'en sera rien. Je préfère garder en mémoire des films d'action burnés à la Fast Five ou Transformers 3, ou un ineffable Somewhere, que ce Super 8. Comme je l'ai dit plus haut, rien ne permet de s'attacher aux personnages. Aucune analyse psychologique : je ne demandais pas la (face cachée de la) Lune, mais creuser un peu plus l'histoire de la mort de la mère du héros aurait été judicieux. Au lieu de quoi, on se farcie des personnages qui pleurent sans arrêt. Attention J.J. Abrams : pleur n'implique pas toujours émotion. Ici, c'est raté. Vous l'aurez compris, Super 8 ne m'a pas du tout bouleversé. Sauf peut-être à la fin, la toute fin. Un moment de grâce, d'élégance et, je n'ai pas peur de l'admettre, d'émotion. Problème : le générique de fin, qui propose au spectateur le film de zombies tourné par les enfants (qui est sympa, par ailleurs), casse toute la magie. Et je retourne à ma mine maugréante.

Comme un connard

Super 8 devait, enfin, être un hommage aux films d'enfance du réalisateur, et en latence un hommage à son mentor et producteur : Steven Spielberg. On avait annoncé les Goonies ou Jurassic Park, E.T. et Rencontre du 3e Type. D'accord. Je n'ai rien vu de tout cela. Si, pour être franc, la scène dans le bus au moment de l'attaque du monstre, m'a vraiment fait repenser à l'attaque du T-Rex dans Jurassic Park. Mais c'est tout. Ah non, il y a aussi un petit souvenir qui m'est revenu, avec la chanson du générique. « My Sherona », de Knacks. Elle avait été reprise en français dans les 11 Commandements de Michaël Youn... Et me voilà parti pour chantonner « Comme des connards ». On a la madeleine de Proust qu'on mérite.


Mais, finalement, entre nous, quel aurait été l'intérêt de retrouver les films de Spielberg ? J.J. Abrams n'a pas de vidéo-club à côté de chez lui ? Super 8 ne rend hommage qu'à son incapacité chronique de se renouveler, de trouver de nouvelles idées. J'ai beau avoir aimé Mission : Impossible 3 et Star Trek, c'étaient des « reprises ». Depuis Lost, J.J. Abrams se repose sur ses lauriers. Dommage, c'est un bon metteur en scène. C'est peut-être la plus belle qualité de son film. Il sait rendre grâce aux situations, à l'action et à la tension. Point à la ligne.

Au final, Super 8 devait être une claque, ce ne fut que quelques euros de dépensés. Un film parmi tant d'autres, pas forcément mauvais, mais bien loin de tout ce qu'on avait annoncé. Super 8 n'est qu'un mélange mal dosé de genres : tantôt frissons, tantôt horreur, tantôt film de monstres, de monstres avec des gamins, ou de science-fiction. Super 8 ne bascule jamais dans la dimension du grand spectacle, du divertissement, du film d'aventure si cher à Spielberg, Lucas ou autres Zemeckis. La faute à un manque de magie, d'alchimie, de frénésie, d'émotion qui prendrait le spectateur aux tripes. J.J. Abrams a peut-être encore besoin de temps, au propre (avec le format d'une série télé ?) comme au figuré, avant de pouvoir boxer dans la même catégorie que ses modèles.

2 commentaires:

  1. Et voila enfin une critique qui rend compte de la vraie valeur (ou absence de valeur en l’occurrence ) de ce film; car oui je me suis fait avoir par les critiques dithyrambiques que j'avais pu lire avant de m'y rendre. La seule chose que je puisse sauver dans ce film... c'est la manière dont il a été vendu!!! La bande annonce ou autres teasers promettant du grand spectacle à coup de séquence rythmée, notamment le train qui explose, et de grands noms m'ont bien "aguichés". Mais finalement j'ai vraiment pas trouver mon compte en y allant(d'autant que je l'ai vu en Imax, donc ça aggrave le coût; au passage heureusement que je l'ai vu en Imax ça à ajouter du spectacle là où le film n'en fournissait pas forcément). Le film semble perdu entre trop de genre comme tu l'expliques et ne trouve jamais vraiment sa voie. Soit on fait du spectacle assumé façon blockbuster, soit on écrit une vraie belle histoire (big up E.T) mais on s'arrête pas à mi chemin en couplant les deux pour faire un film. Une véritable déception(hormis le hot dog avant le film, mais c'est une autre histoire)

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  2. En effet les critiques positives pleuvent un peu partout, il me fallait rétablir la vérité ! Et content que tu sois d'accord avec moi :)

    Ah et je suis content que tu aies apprécié les hot-dog de Labège ^^

    MERCI d'être autant à l'affut et de commenter mes critiques, ça fait plaisir. Pendant ce temps, M. doit être en train de reluquer ses tatouages et U. d'organiser des réunions pour ne pas aller à d'autres réunions ^^

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