dimanche 21 août 2011

| Avis ¦ Captain America : First Avenger, bannière étiolée ?


Captain America : First Avenger de Joe Johnston


Action-aventure Marvel, USA, 2011, 2H03
Avec Chris Evans, Hugo Weaving, Stanley Tucci
Sortie le 17 août 2011


L'objectif : Captain America: First Avenger nous plonge dans les premières années de l’univers Marvel. Steve Rogers, frêle et timide, se porte volontaire pour participer à un programme expérimental qui va le transformer en un Super Soldat connu sous le nom de Captain America. Allié à Bucky Barnes et Peggy Carter, il sera confronté à la diabolique organisation HYDRA dirigée par le redoutable Red Skull.



Le subjectif : Un super-héros en collant ? Génial ! on avait pas vu ça depuis... Depuis ? Je dirais, une bonne semaine. Très bien, c'est comme ça, il faut s'y faire : on en sera vraisemblablement abreuvé jusqu'à plus soif de ces films de mecs bodybuildés, minettes aux yeux écarquillés et méchants super vilains. L'horizon est en effet plein de ces super-productions qui assènent nos rétines d'effets rutilants, de séquences explosives et de bons sentiments à la pelle. Le tout à coup de centaines de millions. Marvel et DC se tirent la bourre, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Pas tant que leurs personnages estampillés Avengers ou Justice League attireront du monde en salle. Pas tant que ces deux monstres du comics auront des histoires à raconter, et des bonshommes en collants sur qui s'épancher.


Après le succès de plusieurs de ses héros de papier (Spider-Man, X-Men, Iron Man, Batman, etc.), l'Amérique a décidé de rendre hommage, de nouveau (après deux téléfilms et un long-métrage ciné sorti en 90), à son plus fidèle porte-drapeau. Steve Rogers, alias Captain America ou Cap' pour les intimes, remonte sur les planches. En ligne de mire, l'adaptation fixée pour 2012 du crossover dantesque de Marvel, dans lequel le personnage créé par Kirby et Simon retrouvera Stark, Banner, Thor et compagnie. Autant dire que la sortie de ce premier Captain America (deux suites sont à prévoir, comme c'est de coutume en ce moment) devenait une évidence. Celle du choix de Chris Evans (déjà super-héros sous les traits de la Torche Humaine dans les deux fours Fantastic Four) pour l'interpréter, peut-être moins.



Il faut dire que devenir l'image de l'Amérique sur grand écran, ce n'est pas évident. Mais le garçon, qui s'est également frotté aux adaptations de BD Push, The Losers et Scott Pilgrim (pour des résultats inégaux), s'en sort plutôt bien. Les muscles sont saillants, et les répliques aiguisées. Reste la partie du film où sa tête flotte difficilement sur le corps d'un gringalet (lui-même, avant les injections de sérum et l'exposition aux rayons Vita du Dr Erskine – brillamment interprété par Stanley Tucci, acteur qui tarde à percer, beaucoup plus juste ici que dans son rôle de « voisin-tueur » dans Lovely Bones). D'aucuns trouveront ces séquences bien faites, elles me paraissent pas tout à fait parfaites (si on les compare aux prouesses de Benjamin Button). Mais ces effets visuels n'enlèvent en rien le charisme de Chris Evans, qui devrait trouver ici enfin un vrai rôle à sa hauteur.

Derrière la caméra, on retrouve Joe Johnston. Fantastique faiseur des films d'aventure Jumanji et Jurassic Park III, le réalisateur restait néanmoins sur une adaptation ignoble du mythe du loup-garou, Wolfman. Heureusement, il se rattrape avec ce Marvel. Les scènes de combat sont assez bien orchestrées, les courses poursuites également. Joe Johnston filme un long-métrage d'aventure à l'ancienne, plus proche de l'Indiana Jones de Spielberg que des récentes productions marvellesques, ne s'attardant pas ici sur les atermoiements du héros. Une fois les bases établies (Steve Rogers est faible, mais courageux et prêt à tout pour défendre son pays : Captain America sera fort, courageux, et prêt à tout pour exploser les ennemis qui se dresseront sur son chemin), Joe Johnston se contentera de nous montrer des scènes d'action ni déplaisantes, ni trop compliquées.



Côté scénario, Captain America : First Avenger plonge donc le spectateur aux origines du super-héros, et à sa conception (un choix qui peut franchement limiter l'intérêt et l'attrait de ce film, à notre époque). Il faut rappeler que Captain America n'est pas un héros Marvel typique. Déjà, car à l'époque ce studio s'appelait encore Timely. Ensuite, car ce super-héros a été un outil de propagande durant la Seconde Guerre mondiale, un personnage luttant contre nazis et Japonais dans les années 40 (aussi bien dans la réalité que sur papier). Le film va s'atteler à raconter uniquement cette histoire. Ou plus précisément celle de la lutte de Captain America et ses copains (Tommy Lee Jones est assez convaincant en colonel Phillips) contre l'Hydra, branche scientifique du nazisme contrôlée par le terrifiant Crâne Rouge. Ce super-vilain est effrayant, grâce à des SFX brillants et au jeu de l'acteur Hugo Weaving qui l'est tout autant. Déjà à l'oeuvre à l'ombre du masque de V dans V For Vendetta, il offre à Captain America : First Avenger un némésis à Chris Evans de tout premier plan. D'autant plus dommage que les scènes de combat entre les deux ne soient pas plus nombreuses, et, surtout, pas plus dantesques.



Au bout du compte, Captain America : First Avenger s'avère être un bon film. Joe Johnston nous divertit (même si les séquences d'affrontements se ressemblent un peu toutes, et qu'elles mettent du temps à arriver) et Marvel parvient à introduire un « nouvel » Avenger sans trop se mouiller. C'est vrai, en décidant de ne parler que de ses origines, le studio ne prend pas de risques : il aura tout le loisir de développer l'immense base de données que contient le comics Captain America. A moins que cette idée ne se révèle avoir été mauvaise, que Marvel ne parvienne pas à rassembler de façon crédible tous ses super-héros (notamment à cause des différences scénaristiques flagrantes entre eux, comme le patriotisme historique et second degré de Captain America : First Avenger et l'épopée cosmique du Thor de Branagh, pour ne citer que ces deux-là). Marvel saura-t-il donner de la saveur à la mayonnaise bien indigeste que semble devoir être The Avengers ? Captain America : First Avenger marquera-t-il le début de la fin pour Marvel, pêchant par manque d'audace et n'en voulant qu'à notre argent ? Réponses, en mai 2012.

2 commentaires:

  1. j'ai pas vu le film mais par contre j'ai jamais vu une critique qui utilise les mots némésis et atermoiement, bravo là tu fais fort. Dommage ta critique impartiale et juste me pousse pas à aller le voir, j'ai pas l'impression qu'il vaille le déplacement; ils ont du faire un film qui révèle pas grand chose, exactement comme thor afin de pouvoir moduler les univers et les combiner comme bon leur semble.

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  2. Bien résumé, ils ont en effet jouer là dessus. Même si Captain America reste un poil supérieur à Thor en terme d'histoire. Sauf que cette histoire, basée uniquement sur les années 40, ne m'a pas très enchanté. Mais dans l'ensemble cela reste un bon divertissement de fin d'été :)

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